dimanche 26 juin 2011

"Un peu moins de passion s'il vous plaît".

Difficile de comprendre une telle réaction face à l'émotion d'une femme confrontée chaque jour à des situations intenables, celles de filles de moins de 15 ans, parfois à peine âgées de 10 ans, enlevées à leur domicile pour être envoyées auprès de leur futur mari. Des filles victimes d'une  forme de mariage forcé, le mariage par rapt. C'est simple, la famille a promis sa fille à un homme d'une autre famille, en échange d'une dot essentielle face à la précarité.



A l'age où la capacité de choix autonome pourraient bien en décider autrement et pour s'assurer que la virginité de la fille soit garantie à son mari, on paie un groupe d'hommes pour enlever sa fille et l'amener jusqu'à la famille du futur mari. Ou bien, on se contente de l'envoyer apporter un colis dans cette famille, sans lui dire qu'elle y restera toute sa vie. Une femme nous raconte l'histoire de l'une de ces filles, qui face à cette situation a lutté tant et si bien que sa belle famille a fini par l'enfermer dans une pièce de la maison. Dans cette pièce, la fille a trouvé du produit insecticide. Elle en a ingéré, elle en est morte. Suicide.

Comment peut-on nous reprocher de parler de ce genre de choses avec passion ?
Reprocher aux femmes leur passion, leur émotivité, érigées en traits de caractère essentiellement féminins est une arme discursive très fréquente. La prétendue nature féminine, caractérisée par son émotivité, voilà qui justifie que la femme serait incapable d'agir en politique.

Ce n'est pas d'émotion mais d'insoumission dont il faut parler. Et c'est précisément parce que l'insoumission est une remise en cause du pouvoir qu'elle fait peur et qu'on voudrait la détruire, la faire disparaître. On parlait fut un temps des classes populaires comme des classes dangereuses. Aujourd'hui, les femmes en révolte contre des procédés qui les ramènent à l'état d'objet de commerce sont insoumises, elles sont dangereuses. On cherche alors à annihiler leur pouvoir de révolte en les sommant de parler doucement, avec respect.
Oui, prendre la parole est un vrai pouvoir.

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