Egalité de genre, promotion de la femme : un même sujet ? Pas vraiment, non. Les mots choisis disent beaucoup sur la philosophie d'action. La « promotion de la femme » est le terme choisi le plus souvent en Afrique de l'Ouest. Parce que l'approche « femmes dans le développement » est encore très présente. On ne change pas de paradigme si facilement.
Petit détour historique : après des décennies d'actions pour l'intégration des femmes dans le développement, en général pour des raisons économiques (si la moitié de la population contribue aussi au développement, on ira plus vite), l'approche « genre et développement » a apporté une tout autre vision : cette approche montre que l'inégalité femmes-hommes est due à un système de domination ancré dans chacun et chacune d'entre nous. Pour un développement efficace, il faut lutter contre cette inégalité, car sa conséquence est que les femmes sont plus pauvres que les hommes. Et si 50% de la population est pauvre, on n'arrivera pas au développement.
Donc : la « promotion de la femme » est un reliquat de l'approche « femmes dans le développement », dans laquelle on cherchait à aider les femmes à développer des activités économiques, à être rentables en quelque sorte. Aujourd'hui, on promeut les femmes, on les vend sur le dur marché de l'emploi ou de la représentativité politique. On les aide à avoir des activités génératrices de revenus. Cette approche dit deux choses : 1 : la femme est différente de l'homme ; 2 : elle peut quand même participer au développement.
L' « égalité de genre » est un terme qui fait moins consensus. Il dit deux choses lui aussi. 1 : notre objectif est une égalité d'accès aux ressources économiques et sociales et de participation aux décisions qui nous affectent ; 2 : le genre ne doit pas être un facteur discriminant pour accéder aux ressources ou participer aux décisions.
Le terme « égalité de genre » met le doigt sur la raison pour laquelle on cherche à « promouvoir les femmes ». Pourquoi ne pas l'adopter ? Peut-être justement à cause de ce qu'il dit. Il remet en cause la place de « la » femme autant qu'il remet en cause l'idée même que la femme ait une place bien assignée.
Et je n'ai pas parlé du fait que les droits des femmes sont souvent gérés par un certain "Ministère de la Famille"...
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