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Dans le foisonnement de side-events, de communiqués de presse et de happenings que nous allons connaitre cette semaine pendant le G20, vous vous demandez où est le genre ? Moi aussi. Petit tour d’horizon.
Côté francophone, comme d’habitude, pas grand-chose. Le document de recommandations rédigé par les ONG membres de Coordination Sud ne dit rien sur le genre et le développement. De son côté, la coalition G8G20 a pensé à l’éducation des filles dans ses propositions : « Faire respecter le droit des filles et des femmes à l’éducation partout dans le monde, une des conditions fondamentales pour l’égalité femme – homme » Rien de bien révolutionnaire.
« Investir dans les femmes », ou le continuum du contrôle du corps des femmes
Finalement, ceux qui ont le mieux compris l’intérêt du genre, ce sont ceux qui traquent la croissance économique. Car l’intégration des femmes dans l’économie favorise la croissance économique. Les femmes intéressent désormais le monde parce que c’est un investissement rentable. La secrétaire générale de l’OCDE se posait cette question lors de la dernière Journée internationale pour les droits des femmes : « Women: the future of our economies? ».
Aujourd’hui, on ne se pose plus la question, on l’affirme. Pourquoi la Banque Mondiale a fait son rapport 2012 sur l’égalité de genre ? Parce que « L’égalité entre les hommes et les femmes est un objectif de développement fondamental en soi. Elle est aussi un atout pour l’économie. Une plus grande parité hommes-femmes peut accroître la productivité. »
L’OCDE tient aujourd’hui un side-event sur le genre, à ma connaissance le seul side-event à Paris sur le genre en vue du G20. Son titre : “Growing Economies through Women’s Entrepreneurship".
Côté société civile, même mot d’ordre : “Women are the great untapped potential of the global economy” nous dit la coalition La Pietra qui demande aux membres du G20 de favoriser l’inclusion financière des femmes, c'est-à-dire leur accès à la finance, aux marchés et aux terres.
Ne nous laissons pas instrumentaliser !
Parler de genre, ce serait forcément faire le jeu d’une certaine mondialisation ? Non ! Je rejoins Claudie Vouhé, la présidente de Genre en action, qui écrivait en juillet « le G20 doit financer l’égalité de genre, pas le contraire ».
Expliquons que le combat pour l’égalité de genre est une question de droits, de justice, et non de croissance économique ! Ne laissons pas le terrain du genre à une vision individualiste et instrumentale du genre.
La volatilité des prix, l’accaparement des terres, les changements climatiques : ce dont les membres du G20 sont responsables a un impact démesuré sur les femmes, car celles-ci sont plus vulnérables à cause de l’inégalité de pouvoir dont elles sont encore victimes face aux hommes . Alors, oui, les femmes sont et seront les premières victimes de ce que décide de faire le club des pays les plus riches, le G20.
C’est tout cela qu’il faut dire, pour montrer à quel point les discours visant à inclure les femmes dans la finance et dans l’économie sont hypocrites. Les femmes sont aujourd’hui l’investissement le plus rentable car ce sont elles, aujourd’hui, les travailleurs les plus exploités, les moins rémunérés et les moins maitres de leur instrument de travail. Saupoudrer les politiques néo-libérales d’éducation des femmes et d’accès aux crédits pour les femmes, c’est profiter de l’inégalité de genre pour accroître la croissance économique.
Mon message au G20 est donc : Membres du G20, un peu de cohérence ! N’aggravez pas l’inégalité de genre par vos choix économiques.
Comme je ne crois pas que ce message sera entendu, en voici un qui s’adresse à la société civile, et avant tout aux ONG de développement : La société civile doit d’urgence s’emparer du combat pour l’égalité de genre, car plus le temps passe, plus celui-ci est instrumentalisé par ceux dont les politiques aggravent la situation des femmes dans le monde. J’espère que ce message-là sera entendu.
NDLR : Pour plus de détails sur ce que les membres du G20 pourraient faire en faveur de l’égalité de genre et ce que les ONG de développement devraient pousser, je partage pleinement les recommandations rédigées par AWID, WIDE, Wildaf, Femnet et d’autres en vue du Forum de Busan sur l’efficacité de l’aide.
c'est un fait que notre pays a appliqué dans les années 60' lorsqu'il a fallu faire appel aux immigrés et aux femmes : ça n'était pas par grandeur d'âme, juste une obligation économique, idem pour la contraception qui en découlait car il fallait que les femmes restent disponibles pour le marché du travail.
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