Aujourd’hui débute à New York la 45ème réunion de la Commission de l’ONU pour la Population et le Développement, chargée d’évaluer les progrès des Etats membres de l’ONU sur la question des adolescents et des jeunes. Cette commission prend une importance particulière cette année, à l’approche des échéances de 2015.
En effet, la communauté internationale, qui lors de la Conférence du Caire en 1994 avait adopté un plan d’action ambitieux et progressiste en matière de santé et droits sexuels et reproductif, se lance 20 ans après dans la revue des engagements, des avancées, et surtout des retards.
Parallèlement, l’atteinte en 2015 de l’échéance des objectifs du Millénaire pour le développement(OMD) va faire l’objet d’un processus de révision qui aboutira au Sommet de l’ONU sur les OMD en septembre 2013.
C’est aujourd’hui qu’il faut agir.
En fait, le processus est déjà largement commencé.
Plusieurs consultations régionales et internationales de la société civile ont déjà eu lieu sur le Caire + 20.
Si Lakshmi Puri, directrice exécutive adjointe d’ONU Femmes nous a assuré la semaine dernière lors du forum AWID que l’agence fera tout pour que le genre soit au centre des engagements internationaux post 2015, il est de notre responsabilité en tant que féministes, agents et agentes de développement, militants et militantes des droits humains de faire entendre notre voix dès aujourd’hui.
La liberté reproductive est une affaire de politiques publiques
Dans les négociations internationales en cours, l’enjeu premier est le niveau de contrôle par les Etats du corps des femmes. L’accès à la contraception, l’acceptation de l’avortement, la disponibilité de l’information sur la santé reproductive sont autant de variables de la liberté reproductive que les politiques publiques sont en mesure d’entraver ou de faciliter. C’est une affaire de lois, de politiques sectorielles et de budgets.
Par ailleurs, la liberté reproductive est un vain mot si les Etats ne garantissent pas une liberté en matière de sexualité. Autoriser l’accès à la contraception pour les jeunes femmes non mariées et les mineures, offrir des services de santé adaptés aux jeunes, remplacer dans le droit la notion de « devoir conjugal » par celle de « viol conjugal », lutter contre les violences sexuelles sont autant de responsabilités des Etats pour garantir aux femmes une jouissance de leur liberté reproductive.
On ne le répétera jamais assez : la sexualité et la procréation sont traversées par les inégalités de pouvoir.
Lorsqu’une femme ne peut accéder à un moyen de contraception parce que son mari le refuse, ce n’est pas l’absence de disponibilité des services de santé de la reproduction qui constituent une entrave, mais bien l’inégalité femmes-hommes dans le pouvoir de décision au sein du foyer.
Lorsqu’une jeune femme doit faire le choix entre voyager dans un pays voisin pour avorter, ou le faire chez elle avec les moyens du bord, c’est le niveau de ses revenus qui décide. La liberté reproductive est une affaire de situation économique. Quand les services publics de santé sont insuffisants, les femmes qui décèdent suite à un accouchement ou un avortement sont celles qui ont le moins de moyens financiers.
Réduire les inégalités liées au genre et à la situation économique doit être l’objet des politiques publiques. Car lutter contre la mortalité des femmes à l’échelle de la planète signifie lutter contre les inégalités au sein de son propre pays.
Parce que les engagements pris à l’ONU influencent fortement les politiques publiques nationales et la mise à disposition de budgets, nous devons investir les négociations.
Droits humains, développement, féminisme : peut importe l’étiquette, ce combat est le notre, c’est celui de la justice, de la liberté, de l’égalité.
En savoir plus :
La commission de l’ONU sur la Population et le Développement (et sur twitter : #CPD2012)
Le Plan d’action du Caire
L’appel à l’action du réseau RESURJ
La campagne YOUTH do it
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